- J'en ai marre ! marmonne Hyso
- Que t'arrive-t-il ? lui demande Elzéar
- Tu te doutes bien de ce qui me pose problème: les autres qui obtiennent ce que l'on veut depuis des années. Je ne supporte plus ces annonces et du bonheur des autres. En plus cela ternie les comportements de tout le monde.
Elzéar se tait car Hyso a raison. L'ambiance dans la forteresse n'est pas mauvaise mais par moment elle pèse lourd. Dans l'immédiat on ne peut qu'attendre.
- Tu as vu, Lexane console Phayrie qui est sans doute la plus affecté d'entre nous.
- Oui, tu as probablement raison. Je comprends que ça affecte tout le monde mais dans l'immédiat on ne peut rien faire pour changer les choses !
Hyso se renfrogne, il faut encore et toujours patienter et à la longue, c'est fatiguant.
- Ce qui ne m'aide pas non plus c'est de voir le bonheur affiché des autres. J'ai du mal à me contenir.
- J'avoue que c'est un trait que l'on ne voit pas souvent chez toi, cependant tu as le droit d'être jaloux. Autant que quelqu'un exprime ce sentiment général dans la forteresse.
Sur ces entrefaites, Phayrie s'avance dans le salon. Son visage calme ne masque pas entièrement son chagrin toujours présent. Elle s'installe prêt de la fenêtre et reprend sa broderie. Hyso s'accroupit à coté de son fauteuil.
- Comment vas-tu jolie demoiselle ?
- J'ai du mal entre les bonnes nouvelles réservées aux autres et l'approche des un an, c'est dur d'être super joyeuse.
Les garçons la regardent des larmes aux yeux. Elzéar déclare doucement :
- Elle nous manque à tous notre adorable Fuji. Même nous sommes habitués à ne plus la voir, l'envie est tellement forte par moment, c'est difficile à accepter.
- Vous vous rendez compte le manque de chance que nous avons eu : trouver le plus adorable et calin des chats malheureusement elle a du nous quitter dans la fleur de l'âge.
Les sanglots coupèrent la parole de Phayrie. Elzéar s'approcha et lui prit la main.
- Viens allons rendre visite au grand oublié de la forteresse, Menahem, lui sait y faire avec le chagrin.
Phayrie escortée des deux hommes se dirige vers les appartements de ce dernier.
Menahem a pris ses quartiers au rez de chaussée. Sa chambre ouvre sur un petit patio verdoyant au centre duquel trône une majestueuse fontaine. Le groupe le trouve assis sur le rebord du bassin, les pieds dans l'eau en compagnie de Soline.
-Soline, Menahem bonjour, leur dit Elzéar
Tous deux se retournent et saluent les visiteurs.
- Bienvenu chez moi ! Installez vous !
Hyso s'assoit dans l'herbe adossé au bassin de pierre agréablement frais contre son dos. Elzéar assit face à la belle fontaine, il laisse ses mains dans l'eau fraiche. Phayrie, elle, s'allonge dans l'herbe sur le dos et regarde ses compagnons.
- Soline tu viens souvent voir Menahem ?
- Oui surtout ces derniers temps Phay ! Je suis contente que vous ayez aussi pensé à lui.
- Mes amis il est normal que nous nous retrouvions en ce moment, les événements proches ou plus lointains ne sont pas facile à digérer. N'hésitez pas à venir me confier vos peines ainsi vous les exprimerez, ça soulage d'en parler ! Surtout pas de retenue, il faut que j'alimente ma fontaine donc laissez la parole à vos chagrins !
Le doux visage de Menahem est une invitation au lacher prise. Les larmes Phayrie ne se font pas attendre, elles roulent sur son visage, rougissent ses yeux. Menahem s'approche d'elle :
- Raconte moi ton chagrin, douce amie.
- Je pleure la perte de mon amour de Fuji qui partie depuis bientôt un an me manque comme au premier jour. Une si belle rencontre n'aurait jamais du s'achever si tôt. J'ai aussi en moi la peine de l'échec. Pourquoi a-t-il fallut que la nature stoppe le déroulement de ces cellules qui étaient destinées à devenir ce petit être tant attendu ? J'ai beau savoir que je n'aurais pas de réponses cela me pèse.
- C'est clairement injuste, souffle Hyso, maintenant il faut patienter encore !
- Même si attendre fatigue tout le monde, Mahalia se sent nettement mieux sans toutes ces hormones. C'est important de garder le positif !
- Oui mais je voudrais tellement que Darhim et Cora soient comblés par un petit bébé, depuis le temps que ce désir les taraudes, déclare doucement Soline
Menahem soupire comme tous les habitants de la forteresse, il veut que ce bonheur leur soit offert. Depuis le début de cette entreprise, sa fontaine fonctionne à plein régime surtout avec le cumule de l'absence de Fuji. Ces deux événements font beaucoup de peine à gérer.
- Tout ce que je peux vous proposez pour le moment c'est de penser à venir régulièrement me rendre visite en laissant votre retenue au placard. Pleurer est un processus sain pour pouvoir accepter et vivre avec sa propre histoire. En plus, on est bien dans mon patio !
Les compagnons se regardent, ils acquiescent d'un même mouvement, on est bien de ce patio !